25 août 2014

Rater une occasion ou "fail" parental public.

Constat: les enfants ne sont plus ce qu'ils étaient.
Double constat: les parents non plus.

Mais plus ça change, plus c'est pareil, j'imagine?

J'ai été élevée par mes parents encore mariés.
Ma mère était à la maison. Mon père travaillait à l'extérieur.
Ma mère était principalement responsable de s'occuper de moi. Mon père travaillait à l'extérieur.
C'était ce genre de famille, où le père tond le gazon, sort les poubelles, amène l'auto au garage et ramène le salaire.

À mon souvenir, ma mère n'était pas particulièrement sévère. Mais je n'étais pas particulièrement tannante non plus.

Mais une chose qu'elle m'a appris hors de tous doutes... C'est écrit? Tu le fais!
C'est obligatoire? Tu le fais!
Tu respectes l'adulte qui donne des consignes et avec le jugement que je t'ai donné, tu sauras quand il faut questionner l'autorité. Sinon, tu ne le fais pas.

Bon. Ma génération n'en était pas une de négociations.
On ne négociait pas. On faisait.

Ou était-ce moi qui était trop sage?
Ma mère me disait de rentrer à 9h, je revenais à 8h55.

Je ne sais pas c'est quoi le pire qui aurait pu arriver si je n'avais pas obéi. Mais je n'avais pas envie de savoir.
Ma mère était quelqu'un de droit, elle était humaine et compréhensive. Elle avait eu la vie dure, mais elle était juste. Alors je ne questionnais pas.
J'ai appris à faire confiance aux jugements des autres aussi. Aux adultes qui m'entouraient. J'étais une élève modèle, bien sûr. Je n'aurais pas osé répondre à mes professeurs.
Elle n'a jamais utilisé le "attends que ton père arrive", parce qu'elle était crédible à mes yeux à elle toute seule.

Le jugement, ça se construit en vieillissant. Je suis capable de juger de la pertinence des choses, des demandes, des consignes. Je l'ai été rapidement, jeune, quand même.

Mais quand je vois de jeunes parents, avec de jeunes enfants, se foutre des lois, des consignes, des règles, de l'autorité des autres adultes, je me dis que ces enfants-là ne développeront pas leur jugement ni leur confiance en l'autorité.

La seule chose qu'ils développeront, c'est l'idée que "ce qui est bon pour les autres ne l'est peut-être pas pour moi" et s'en serviront malheureusement à mauvais escient avant longtemps!

Alors à vous, chère maman de La Ronde qui croyez que les règlements de grandeurs sont là pour vous faire chier... Ils sont là PREMIÈREMENT pour la sécurité de vos enfants et des autres. Mais aussi un peu pour leur montrer qu'ils ne sont pas rois et maîtres. Qu'ils ne peuvent pas tout faire. Que cultiver l'attente et le désir, ça a du bon pour tous. Et aussi un peu leur prouver que ce n'est pas tout le monde qui leur dira oui pour éviter une crise, un "t'es pas fine" ou un "j't'aime pu!".

Vous aurez raté une belle occasion de montrer à vos enfants que même les adultes doivent respecter l'autorité et que les règles ne sont pas toutes là pour être remises en question.

Ce n'est PAS juste un tigre...

La semaine dernière, pendant nos vacances familiales, nous sommes allés au Zoo de Granby.
Nous y allons aux 2-3 ans, dès que nos Air Miles me permettent de commander des billets gratuits en fait ;) (à noter, le Zoo offre un accompagnateur adulte gratuit pour un enfant avec diagnostic!)

C'est devenu une blague sur mon dos, mais quand je vais au Zoo, j'ai 4 ans!!

Chaque fois, je m'étonne de constater que "d'un côté de la rue, y'a un Tim Hortons, une épicerie où les gens font leurs commissions, des maisons même.... et de l'autre côté, y'a des girafes! des éléphants! des lions et des tigres!!"

Pour moi, c'est un grand bonheur que de côtoyer ces animaux l'espace d'une journée.
Lors de mon voyage à Berlin en 2002, j'ai profité d'une journée seule pour aller visiter le Zoo, tellement j'aime ça!

Je lis les pancartes, je regarde vivre les animaux, je m'intéresse à ce que les guides racontent...

On a assisté à la présentation des tigres. Comme d'habitude, je suis bouche ouverte, oreilles tendues, yeux attentifs.. Il y a trois "bébés" tigres à moins de 20 mètres de nous!

Tout le monde est entassé. Tout le monde est fasciné.
Un monsieur tente de se faufiler derrière moi pour prendre une photo. Je lui offre de s'avancer. Il a affaire à la bonne personne, pour sympathiser avec sa fascination!!
Puis, derrière moi, deux femmes se retrouvent assez loin pour ne pas bien voir... et l'une dit à l'autre: "bah viens-t-en, c'est pas grave, c'est juste des tigres!"

JUSTE des tigres? Vraiment?
T'es en plein coeur d'une ville du Québec, tu es face à face avec un tigre et tu ne ressens rien?

Je dois avoir la capacité de m'émouvoir trop facile. La fascination trop présente. La création de petits bonheurs trop fréquente!

Pour moi, un tigre, ce n'est PAS JUSTE un tigre.

Une sortie au Zoo, et j'ai 4 ans. Je suis impressionnée, intéressée.

Mais je suis comme ça sur bien des trucs.

Je remarque les beaux paysages. Je remarque l'éclat du soleil sur l'eau quand mes enfants sont aux jeux d'eau du parc. J'entends les criquets à la campagne (avant de rester en campagne, quand on arrivait chez mes beaux-parents le soir, je faisais arrêter la voiture de mon chum et j'ouvrais les fenêtres juste pour les écouter!).

C'est peut-être ça qui me tient debout à travers les nombreuses épreuves des dernières années.

Je me souviens même avoir apprécié le petit vent chaud, un soir que je marchais dans le stationnement de l'hôpital après être allée passer la soirée avec mon père mourant. Ce soir-là, c'était son dernier moment conscient, éveillé. Je ne le savais pas. Je savais par contre qu'il mourrait sous peu. Et je trouvais que cette soirée de fin de mai était idéale pour la température. Le vent. La chaleur. Le soleil quasi disparu. L'absence de bruits.

Je m'émeus et m'émerveille facilement. Oui.
Mais ce soir-là, mon constat était positif. La vie était bonne. Même face à la mort.

Et la semaine dernière, ce n'était pas JUSTE des tigres.
C'était mes vacances, mon émerveillement, mon lien avec mes enfants et leur curiosité.
C'était aussi un souvenir. Heureux.