J'aimerais que tu n'aies que 7 ans...
j'aimerais que tu ris, que tu fasses des folies, que tu connaisses tout plein de mots et tout plein de choses....
Je n'aime pas que tu connaisses certains mots.
Ceux qu'on met dans notre lourde valise, tu les mets aussi dans ton petit coeur.
Ton petit coeur n'a déjà plus 7 ans. Ton petit coeur te dit que c'est toi, le grand frère, même si en âge, ce n'est pas ça.
Ton petit coeur te dit d'être fort. D'être grand. D'être patient. D'être conciliant et résilient.
Tu es le petit frère d'un enfant différent.
Tu es la personne la plus importante, souvent, pour ta grande soeur.
Et pourtant, tu me dis toi-même que tu te sens le pire petit frère du monde.
J'ai beau te répéter que ta soeur en a de la chance de t'avoir, tu n'y crois presque plus.
Malgré tout ce que tu fais, tu ne reçois que peu de reconnaissance de sa part.
Tu l'aimes, envers et contre tous.
Mais tu l'aurais pris sans tous ces mots.
Tu me demandes de la guérir... je ne peux pas.
Je tente de ne pas te demander d'être plus que ce que tu es.
Tu es le petit frère, tu es un petit garçon de seulement 7 ans.
Mais, lorsqu'on me dit, à ton école, que tu es plus grand que ça. Que tu es vieux, dans ton coeur et dans ta tête, je réalise que tout ton parcours te pèse aussi lourd.
Lorsque je vois des larmes dans tes yeux parce que tu ne comprends plus ce qui se passe avec ta soeur, je comprends que tu vis le même deuil que nous.
Lorsque tu me dis que tu aimerais avoir une autre soeur, mais comme Mélina, sans son autisme, j'entends que tu me dis que tu souffres de la voir ainsi et que tu ne sais pas comment le gérer.
Toi et ta joie de vivre, ta belle folie, tes envies de petits bonheurs.... je vois souvent le tout terni par les rigidités de ta soeur, par son anxiété de la nouveauté.
Toi et ta grande fierté d'être un premier de classe... je te vois pourtant rester humble devant ta soeur qui accumule échecs par dessus échecs.
Toi et tes beaux yeux qui pétillent... je te vois trop souvent regarder dans le vide, à vivre trop grand ta vie de petit...
Tu es le meilleur petit frère du monde. Et tu es le petit garçon le plus génial que je connaisse.
J'espère qu'un jour, tu y croiras de nouveau.
15 mai 2012
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3 commentaires:
Ça fait mal de lire ça. Ton billet est très touchant.
C'est vrai que le frère ou la soeur d'un enfant différent doit apprendre à vivre au milieu d'un quotidien différent, et à vivre également un lien fraternel teinté par la différence.
Je trouve touchant le passage qui parle de ton fils qui dit qu'il voudrait une autre soeur mais comme Mélina. On voit là tout l'amour qu'il lui porte, il ne voudrait pas la perdre, et en même temps ça dit toute sa douleur avec la différence de Mélina, cette différence avec laquelle il ne voudrait plus vivre dans son quotidien.
Vraiment, ce bout m'a beaucoup touchée.
Je trouve ça bien que ton fils soit capable de le nommer et d'en parler. Et que vous soyez là pour l'écouter. Ça peut ouvrir sur de belles conversations et faire un bien immense...
C'est TELLEMENT comme chez nous...
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