Connaissez-vous cette chanson?
http://www.youtube.com/watch?v=jfoV7Ti_ON0
C'était une des chansons préférées de mon père.
Une de ces chansons qui le mettaient à l'envers, qui venaient le chercher jusque dans les tripes.
Une chanson de mots, une chanson de voix qui nous prend au coeur.
Avec le temps... tout s'évanouit.
Mais pas cette passion pour les mots qu'il m'a transmis.
Sauf que, contrairement à Léo Ferré, je ne trouve pas toujours les bons mots.
Parce que le temps, parfois, n'est pas l'ami des mots qu'on n'a pas encore dit.
Je les ai cherchés, ce matin. Parce que "papa est mort" n'était pas suffisant.
Aujourd'hui, papa est mort.
Tout comme le 2 juin.
Mais cette fois, plutôt que de mourir paisiblement, il est mort à grands fracas.
Il est mort, comme lorsqu'on meurt subitement d'un accident d'automobile ou d'une crise cardiaque.
Il est mort, sous ses cris étouffés, ses larmes et sa colère refoulée.
Il me manque, maintenant plus que jamais.
Mon monde n'est plus le même et pourtant, j'y flotte doucement.
Elle a été submergée par une énorme vague.
Il est mort à mes côtés, le 2 juin, à 14h40.
Il est mort, si loin d'elle, le 23 juillet, à 11h45.
Mon père est mort en juin.
Le père de ma soeur est mort en juillet.
Avec le temps va, tout s'en va..
On oublie le visage et on oublie la voix..
Le coeur, quand ça bat plus..
C'est pas la peine d'aller chercher plus loin...
Faut laisser faire et c'est très bien...
Ses larmes, ce ne sont pas les miennes.
Son deuil, par contre, je le vis aussi.
Ce matin, j'ai dit "papa est mort", sans utiliser "mon" devant le mot papa.
Parce que la seule personne avec qui je partageais cet homme était au bout du fil.
Parce que "mon" papa, c'est "ton" papa, "son" papa.
Je ne me le suis pas approprié, pour une fois.
Au moment de dire "papa est mort", ce deuil ne m'appartenait plus uniquement.
Il n'y a plus juste moi qui pleure "mon" papa. Nous sommes deux.
Et pourtant, elle restera seule avec son deuil. Et moi avec le mien.
Notre papa est mort.
Je suis désolée, papa.
Ton plus grand rêve était de nous voir réunies.
Nous sommes maintenant à mille lieux, même si pendant une quinzaine de minutes, ce matin, le monde n'existait plus que par toi.
Tu resteras toujours le dernier pont entre moi et elle.
Je suis désolée papa.
Tes filles te pleurent, maintenant. Mais chacune dans son propre monde.
Elle est pour moi la fille de notre père. Tu aurais voulu qu'elle redevienne ma soeur.
Je suis désolée, papa.
Je ne t'en aime pas moins.
Mais je n'ai pas trouvé les mots que tu aurais aimé que je lui dise...
Avec le temps ...
Avec le temps va, tout s'en va...
Avec le temps, va, tout va bien...
23 juillet 2013
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1 commentaire:
eh ben... malgré l'émotivité du moment, ça vient quand même mettre un terme à un élément stressant!
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