Ce midi, lors d'une rare sortie mère-fille, je suis arrêtée manger avec ma doudoune dans un restaurant de la ville où j'ai grandi.
Ce restaurant, j'y suis allée des dizaines de fois.
Il existait quand j'étais petite et de sa fenêtre, on voit mon école primaire et mon école secondaire de l'autre côté de la rue.
C'est un endroit familier.
C'est un endroit où j'ai dîné avec ma mère, quand elle me faisait une surprise et venait me chercher à l'école le midi.
C'est un endroit où je suis arrêtée avec mon père, chercher une frite pour accompagner les t-bones, le soir, et qu'on en mangeait presque la moitié dans l'auto en chemin.
C'est un endroit d'avant, qui existe encore maintenant.
Pendant qu'on mangeait, ma grande me posait beaucoup de questions sur les alentours, sur comment c'était "dans le vieux temps" comme elle dit.
Bien sûr, il y a une pancarte pour nous rappeler qu'un coke coûtait 5 sous, un hot dog steamé coûtait 15 sous et un cheeseburger coûtait 40 sous ...
Mais au-delà de la déco qui me semble ne pas avoir changée...
Au-delà de mon école primaire qui n'en est plus une...
Au-delà des bâtisses qui ont changé de vocation, depuis...
Dans le vieux temps, il y avait moi.
Moi, qui ne craignait pas la mort.
Qui pensait que tout durait toujours.
Qui ne connaissait que cette ville, que ces environs, que ces décors splendides.
Qui ne se doutaient aucunement de ce qu'elle y vivrait.
Dans le vieux temps, maman et moi, on se prenait des hot dog moutarde-chou avec une frite où on mettait du vinaigre et du sel et j'étais la petite fille la plus heureuse du monde.
Dans le vieux temps, papa payait le sac brun rempli de frites grasses, mais c'était moi qui endurait la chaleur du sac entre mes cuisses tout en pigeant dedans et en me lichant les doigts.
Dans le vieux temps, mon monde tournait dans ce coin de rue.
En quittant, nous sommes passées devant le cimetière.
Là est enterrée ma foi.
Et mon meilleur ami d'enfance. Mort à 11 ans.
Autour de ce cimetière, toute ma vie est un peu décédée, depuis. C'est dans ces rues que mon père a passé ses dernières années. C'est dans ces rues qu'on avait trouvé une résidence pour les derniers mois de ma mère et où on lui a rendu visite lors du dernier Noël.
C'est mes amies d'enfance que je ne vois plus.
C'est mon enfance, que je ne vois plus.
Il faut que je me souvienne.
Les murs ne me parlent plus. Mes parents ne me racontent plus.
Je dois m'accrocher aux coins de rues familiers. Pour que le vieux temps demeure...
26 juillet 2014
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