Pour vous, c'est une date qui ne veut rien dire.
Pour deux personnes (et trois, et puis plusieurs qui s'en suivent...), ça a été le jour du grand miracle.
12 décembre 1978. Dans un hôpital de Laval. Dans une salle d'opérations, avec des médecins qui n'avaient même pas affaire là, mais qui n'en revenaient pas de ce qu'ils étaient appelés à vivre...
Une mère.
Qui avait voulu un bébé pendant 13 ans. Qui en avait adopté un. Mais qui n'en avait jamais porté.
Une mère à qui on avait dit de se faire avorter, qu'elle mettait sa vie en danger, qu'elle aurait un bébé handicapé au mieux, sinon mort.
Une mère à qui on avait refusé de donner la vie, mais qui a fait à sa tête.
Parce que 13 ans, vous savez, c'est long.
Parce que vouloir porter un enfant, pour une femme, c'est puissant.
À 40 ans, avec une évaluation approximative du stade de grossesse, ils ont choisi le 12 décembre pour la césarienne.
Le 12 du 12...
Et mes parents ont vécu le grand miracle.
Celui qu'ils n'espéraient plus.
Celui qu'on leur avait dit impossible, malgré la grossesse confirmée.
J'ai été aimée.
Pas toujours de la bonne façon par un père "malade".
Pas toujours de la bonne façon par une maman qui souffrait.
Certainement pas de la bonne façon par une grande soeur qui m'a rapidement prise comme une nuisance à son bien-être.
Mais j'ai été désirée et aimée.
Et chaque année, jusqu'à mes 27 ans, maman m'a raconté à quel point le Dr. Bielinski avait bien failli ruiner mon existence. Elle me l'a particulièrement raconté lorsque j'ai eu 24 ans, que je suis tombée enceinte (tellement plus facilement qu'elle), et que ce même docteur a suivi ma grossesse sans complication. Elle avait envie de lui envoyer en plein visage, ma vie qui se poursuivait, grâce à ELLE.
Papa me l'a rappelée jusqu'à mes 34 ans... Mon miracle, mon plus beau cadeau, ma plus grande fierté me disait-il toujours.
Même sur son lit de mort. Il m'a dit qu'il avait eu une vie difficile, mais qu'il la considérait heureuse. 90% grâce à moi.
C'est énorme hein.
Mais c'est l'effet que ça fait, un miracle, je crois.
Merci maman et papa de m'avoir donné une chance. D'avoir cru en moi. De m'avoir aimée avant même que j'existe, assez pour tout risquer.
Vous êtes ce qui a fait battre mon coeur et ce qui a permis à d'autres de battre aussi.
Ce que je m'ennuie de leur présence...........
12 décembre 2014
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