11 février 2013

Persévérance, parent-roi, relâche...

C'est cette période de l'année, où à travers les coeurs rouges et roses de la St-Valentin chez les romantiques ou ceux qui ont de jeunes enfants (ou travaillent dans le milieu), on parle surtout d'école.

Fin d'étape, semaine des enseignants, semaine de la persévérance scolaire, relâche que les profs semblent attendre depuis le 9 janvier...

Cette semaine a circulé partout un article qui sait faire jaser.
http://www.ledevoir.com/societe/education/370533/le-monarque-c-est-moi

Puis une explication:
http://madameunetelle.blogspot.ca/2013/02/parent-roi-la-une-des-explications.html?spref=tw

Ça fait jaser. Les parents, les profs.
Il y a le parent-roi, le parent qui s'en fout, le parent impliqué, le parent discret, le parent absent...
Cet article, qu'on soit d'accord ou non, envoie le message à tous.
Les parents existent, ils sont derrière toutes les petites têtes assises en classe toute la journée et veulent, en général, être impliqués dans l'éducation de leurs enfants.
On en voit encore qui sont bien heureux que quelqu'un d'autre prenne cette charge en main à leur place (que ce soit en CPE ou à l'école), mais bon nombre de parents veulent maintenant plus.

Après, libre à nous de penser ce qu'on veut de ce règne parental sur les écoles (et sur les garderies, aussi!)

Puis, il y a la semaine de la persévérance scolaire, qui arrive tout juste après la semaine des enseignants.  Hasard? Les deux sont liés, assurément.
La persévérance scolaire ne commence pas en classe, croyez-moi. La persévérance s'apprend bien avant, mais les profs ont leur rôle à jouer dans le maintien de celle-ci.
Dans une ère où les réformes se sont succédées, où tout change vite dans le milieu de l'éducation alors qu'en même temps, on stagne sur certaines sphères de celle-ci (on n'a qu'à penser à l'intégration qui est montée en flèche mais pour laquelle on n'a pas offert le soutien nécessaire...), il faut prendre un grand souffle avant le premier jour de maternelle et embarquer dans le train.

C'est difficile, pour un parent "ordinaire", que de soutenir son enfant face à l'école. C'est un travail quotidien pour lequel on ne se sent pas toujours compétent.
Bien sûr, on nous dit que de s'impliquer, s'intéresser, soutenir dans les devoirs et leçons, participer aux différents projets aidera l'enfant. Mais concrètement, on ne sait à peu près pas ce qu'il fait, 7 heures par jour au minimum.
Quand l'enfant revient à la maison avec son devoir de mathématiques, on ne sait pas nécessairement comment cette matière a été enseignée, surtout quand l'enfant éprouve des difficultés. C'est étrangement à CE moment-là que le parent est le plus sollicité alors qu'il est le moins informé (et formé!).

Avec un enfant en difficulté d'apprentissages, on doit devenir profs. Un peu, à notre manière. Et non, ce n'est pas notre mandat, et les profs vous le rediront... Devoirs et leçons, vous allez soutenir et superviser, chers parents. Soit.
"Lâche pas, mon coco... tu vas finir par comprendre, demande à Madame X demain... " sont des phrases qu'on voudrait prononcer. Parce que la technique d'addition de madame X, on ne la connaît pas... et qu'on risque de montrer des trucs tout croches.  Et pourtant, on ne le dira pas, parce qu'on encouragerait pas l'effort, parce qu'on se déchargerait de ses apprentissages scolaires, parce qu'on ne montrerait pas notre intérêt face à ses 180 jours de classe qui forment un futur adulte avec un métier.

Croyez-moi, j'ai un immense respect envers les enseignants. Je leur dis SOUVENT, je leur ai tous écrit dans le cadre de la semaine des enseignants. Je suis le parent impliqué pas dérangeant. Je suis la présidente du Conseil d'établissement, je vais souvent à l'école, j'apprécie les appels des profs, je questionne et m'intéresse. Mais bien souvent, j'ai envie de me décharger d'une partie.

Parce que ma job de leur montrer la persévérance, je l'ai fait et je la fais encore. Parce que j'ai passé des heures à soutenir ma belle dyspraxique pour qu'elle réussisse à pédaler son vélo à 4 roues. Parce que j'ai fait des heures et des heures d'exercices d'orthophonie pour qu'elle prononce enfin la lettre "l". Parce que dans la vie d'un(e) dyspraxique, TOUT est persévérance.
Je crois qu'ils ont réussi à généraliser cette qualité, mes enfants. Je continuerai de leur dire à quel point j'ai aimé l'école, que ce sont de belles années, que leurs apprentissages les rendent meilleurs, que leurs efforts comptent mille fois plus que la note, que leur comportement exemplaire me rend plus fier que s'ils avaient été capables de compter à l'envers de 100 à zéro, par bonds de 4, en espagnol!

La persévérance scolaire, j'appelle aussi ça la persévérance parentale. Mon travail de parent, je le fais. Chaque minute que mes enfants passent avec moi, je le fais. Je fais aussi mon travail de travailleuse, mon travail de teneuse de maison, etc. Me transformer en prof une heure tous les soirs est souvent au-dessus de mes moyens, et malgré tout, je le fais encore. Parce que c'est important, parce que ça m'intéresse et parce que ça compte. Mais je suis essouflée.

J'aimerais moi aussi attendre impatiemment la semaine de relâche pour avoir des vacances, mais non.
Monsieur et madame tout le monde n'attendent la relâche que pour des vacances de lunchs et de devoirs, tenez-vous le pour dit.