28 février 2011

Je ne sais pas comment on fait...

Je ne sais pas comment on fait pour regarder son enfant mourir...

Je ne sais pas comment on fait pour réaliser qu'il ne remettra pas les pieds à la maison.
Qu'il ne redescendra jamais de l'autobus.
Qu'il ne sera jamais un ado.
Qu'il ne jouera plus à son jeu préféré.

Je ne sais pas comment on fait le ménage dans les jouets de sa chambre. Les toutous de son lit. Le linge dans son garde-robe. Comment on fait pour "fermer" à jamais la chambre qui ne servira plus.

Je ne sais pas comment on fait pour regarder des photos.

Je ne sais pas comment on fait pour laisser aller la main de son enfant, même après son départ.
Je ne sais pas comment on fait pour le regarder en sachant que ses yeux ne se réouvriront plus.

Je ne sais pas comment on fait pour tolérer le silence dans la maison. L'absence dans la voiture. La chaise libre à table. Les souliers délaissés dans l'entrée. Le pyjama sale retrouvé dans le panier à linge. La brosse à dents qui sèche.

C'est peut-être le côté négatif des forums, des blogues, des réseaux sociaux. C'est de "vivre" à travers les gens que l'on côtoie des drames qu'on préfèrerait ne pas connaître.

Je ne sais pas comment on fait pour cesser de pleurer son enfant.
Je sais maintenant, et pour la troisième fois, comment on fait pour pleurer un enfant qu'on n'a pourtant jamais connu vraiment.

Parce qu'un coeur de parent, ça saigne juste à s'imaginer devoir apprendre comment faire.

Au revoir, douce Émilie. Tu as certainement laissé un énorme vide dans la vie des gens qui t'aiment. Soudainement, les dodos à l'hôpital, les traitements, les angoisses, les peurs, les rendez-vous médicaux, les longues heures de chimio, tout s'est arrêté pour les gens qui t'entourent.

Mais ton souvenir, lui, restera à jamais gravé dans leur coeur. Même dans le mien, même si on ne se connaît pas.

8 février 2011

Mon corps, cet ennemi.


On ne se connaît pas.

Je ne vous ai jamais vus et même si c'était le cas, je ne m'en souviendrais peut-être pas.
Je ne crois pas que vous m'ayez déjà vue non plus, mais s'il s'avérait qu'on se soit déjà croisés, vous n'auriez peut-être rien remarqué.

Assurément, vous auriez été attirés par ma longue tignasse châtaine bouclée. Vous auriez sûrement été impressionnés par le turquoise de mon regard. Vous ne seriez pas allés plus loin.

Vous m'auriez trouvée belle et gênée. Peut-être que vous auriez jugé ma mère qui parfois, répond à ma place lorsqu'elle sait que je n'y arriverai pas. Je vous aurais peut-être même vus sourire ou entendus passer un commentaire.

"Tu es belle". Ce que j'ai entendu souvent des compliments dérivés de près ou de loin de cette qualité tout à fait superficielle.

J'ai de beaux traits physiques, c'est vrai. À la vue de tous, la nature m'a gâtée.

Ce que je déteste ce corps.
Ce corps, c'est mon ennemi.

C'est celui qui m'empêche de faire de la corde à danser comme les autres. Celui qui m'impose un gilet de sauvetage pour me baigner même si j'adore l'eau ou 2 petites roues pour pédaler même si je pratique plusieurs heures par semaine. Celui qui rend mon écriture illisible. Mes dessins barbouillés. Mes cahiers brisés. Celui qui me fait faire des crises parce qu'il est fatigué de ne pas savoir comment m'écouter.

J'ai 7 ans et je suis dyspraxique.
J'ai 7 ans et j'ai aussi un syndrôme frontal, un trouble déficitaire de l'attention avec hyperactivité-impulsivité, un trouble d'accès lexical et un trouble anxieux.
J'ai 7 ans et je ne sais pas ce que veulent dire les mots de la phrase précédente et pourtant, ils me suivent jour après jour.

J'ai 7 ans et j'ai été évaluée pendant de longues heures avant même de passer mon premier examen à l'école.

J'ai 7 ans et j'ai à mon dossier plusieurs médecins qui ne savaient pas quoi faire pour moi.
Pendant des années, il n'y a eu que mes parents pour me tendre la main quand je tombais et m'ouvrir grand leurs bras quand je n'arrivais juste pas à y arriver.

J'ai à mon actif plusieurs spécialistes qui me connaissent par mon prénom. Orthophoniste, ergothérapeute, psychologue, audiologiste, pédiatre, travailleuse sociale, neuropsychologue, éducatrice spécialisée. Pourtant, je ne sais écrire aucun de ces mots compliqués, mais je les vois plusieurs fois par année (certains par mois!)

Je ne suis pas malade.
Je ne suis donc pas guérissable.

Vous me regardez et vous ne voyez toujours rien? C'est normal.
Mon handicap est physique et pourtant, il est invisible.

Si un jour, vous me croisez, vous ne remarquerez probablement rien.
Si vous apprenez à me connaître, peut-être aurez-vous des questions. Des inquiétudes. Des jugements, aussi.

Ma mère ne sera pas toujours derrière moi pour vous expliquer et me redonner mon estime de moi chaque fois que j'échoue. Un jour, par contre, je saurai vous dire que je suis dyspraxique et vous comprendrez.

Je suis intelligente. Je suis agréable. Je suis drôle.
Je ne sais pas toujours utiliser les bons mots. Je trébuche souvent. Je ne suis pas très bonne en sports. Je n'arrive pas toujours à me relire. Je fais des crises. Je pleure souvent.
Ma vie n'est pas facile.

Mais vous devriez m'entendre lire...

3 février 2011

Notre famille s'agrandit..

Taxi (blazé de la session photo!!) et Maya, la nouvelle arrivée!!!
Taxi est un épagneul springer anglais de 5 ans. Maya est une labrador noir de 4 ans.


Du temps libre

Suite à ce billet de La Mère Blogue, sur les 90 minutes moyennes de temps libres des parents québécois, ça m'amène à réfléchir à MON temps libre.

Je ne pourrais pas faire partie des statistiques de cet article, je ne travaille qu'à temps partiel.

Mais 90 minutes par jour, je trouve ça déjà très bien. Je m'attendais à une moyenne franchement plus faible.

En lisant l'article, on réalise que ces gens considèrent par contre qu'ils manquent de temps avec leurs enfants, manquent de temps pour lire, regarder la télé, etc.

Alors, ce 90 minutes, il se situe OÙ?
C'est à coup de 5 minutes qu'on en arrive à 90?
Parce que 90 minutes, par exemple le soir, ça laisse du temps pour lire. Regarder la télé. Voir une amie pour un café.

Je ne saisis pas bien, je crois.
Et si, certains soirs pour pallier au manque ressenti, on attendait que les enfants soient couchés pour faire la vaisselle et les lunchs, après le souper? Ça laisserait du temps en famille?

Je sais que le soir, au retour du travail, il y a les devoirs, les leçons, le repas, le lavage, un peu de ramassage, les retours d'appels, les papiers à signer pour la veille, le conjoint à écouter, le chien à sortir, les poubelles à mettre au chemin, alouette! Ça en fait beaucoup pour quelques heures seulement. Mais si on arrive à 90 minutes de temps libre, c'est que tout finit par se faire et par se terminer avant 23h, non?

Et si on changeait notre définition de "libre". Plusieurs personnes considèrent que du temps libre, c'est lorsque tout le reste est terminé. Que ça nous laisse libre d'occuper notre temps comme on le veut. Et si on se donnait ce droit, même si tout n'est pas terminé?

Quand on travaille, souvent, on a une heure de lunch. Si on la considérait comme du temps libre? On peut placoter avec les collègues, appeler une amie ou sa mère, aller prendre une marche, lire une revue en mangeant, prendre un café en écoutant de la musique dans son IPod.
Et si on considérait le temps "obligé" dans la voiture ou l'autobus comme du temps libre, aussi? Écouter la musique qu'on veut, la radio, un livre-audio, feuilleter une revue (bon, bien sûr, pas en conduisant, on parle aussi de transport en commun là!). Regarder le paysage passer. Écouter le PRESQUE silence.

Il faut se trouver des façons de rentabiliser des moments. Du temps à soi RIEN QUE pour soi, c'est plutôt rare dans une vie de parent. Mais je crois que même dans le brouhaha du quotidien, il y a moyen de trouver du temps où on fait quelque chose qu'on apprécie. Sans se sentir obligée de le faire. On est obligées d'endurer le traffic, mais on a le choix (limité, mais le choix quand même) de ce qu'on fait pendant qu'on est dedans, non?

Suffit de voir le verre à moitié plein, plutôt qu'à moitié vide...