Une idée. Pas une décision. Une idée, une réflexion.
Je fais des recherches, je questionne. J'analyse, je pèse le pour et le contre.
Et surtout, je me renseigne sur les ressources.
La décision, seuls moi et chéri sommes en mesure de la prendre.
La justification, moi et chéri aurons certainement à la faire à maintes reprises, advenant une décision radicale. Avant même d'avoir décidé, nous en sommes conscients et nous y sommes prêts.
J'ai discuté longuement, la semaine dernière, avec l'ergo de ma fille.
Si il y a quelqu'un qui la connaît bien dans sa différence, c'est bien son ergo.
On a parlé d'école, de progrès, de caractère, d'évaluation qui ne nous semble pas tout à fait juste.
Ma fille est dyspraxique. Sévère. Ça, y'a pas de doute.
Elle est atteinte au niveau de la parole, pour l'organisation de sa prononciation, l'organisation de ses phrases et de ses idées aussi. Elle est atteinte physiquement aussi, au niveau de sa motricité globale ET de sa motricité fine.
Le rapport fait état, dans ces deux derniers cas, d'une petite fille qui se situe respectivement au 1er centile et sous le 2ème centile. Ce n'est pas beaucoup, ça, hein.
Choquant de se faire dire par les gens extérieurs "ben non, votre fille, elle est ben correcte, les docs se sont trompés, elle va le rattraper son mini-retard".
Non. Bon.
Ma fille n'est pas en retard. Elle a un trouble. Un trouble reste toujours. Elle va progresser, oui. Mais elle aura ENCORE son trouble. Et probablement qu'elle ne rattrapera jamais les autres. Plus ça va, plus j'en suis consciente.
Quand on la regarde grosso modo, on ne le réalise pas pleinement. Quand on pense qu'elle va avoir 5 ans dans 2 semaines et que bien des enfants de cet âge sont à l'école, elle est loin, TRÈS loin derrière.
J'ai toujours soupçonné un problème de compréhension aussi. Qui n'est pas ressorti avec les tests, mais que l'ergo voit aussi. Vous savez ce que ça veut dire? Tests non concluants = pas de service pour cet aspect. Aspect quand même problématique, il va sans dire.
Et problème d'attention. Peut-être pas un TDA, probable juste une cause de sa dyspraxie et de sa désorganisation neurologique. Mais autre problème à l'horizon.
L'ergo m'a parlé de la maternelle. M'a parlé de la première année, etc.
Je connais le système scolaire. Mais je croyais encore que l'accompagnement offert pouvait être important et rassurant. De trois à cinq heures par SEMAINE, ça ne correspond pas à ma description de rassurant. Encore moins d'important.
Ma fille aura de la difficulté sur toutes les sphères de sa scolarité. Pas seulement en éducation physique, ou pas seulement en lecture. Toutes.
L'habillage pour la récré sera problématique. La récré tout autant. Le social, l'apprentissage des ateliers autonomes, la construction, les maths, la lecture, l'écriture, l'art plastique, la routine, l'hygiène, le concret et l'abstrait.
Tout sera un défi.
Ma fille est forte, motivée et travaillante. Mais, elle est aussi intelligente. Et verra vite que peu importe l'effort qu'elle fera, elle n'arrivera pas à la cheville des autres. Vous vous souvenez, 1er centile. Ai-je besoin de faire un dessin?
Et j'ai peur. J'ai peur qu'elle perde sa motivation.
Avec son ergo, elle progresse, lentement. Mais elle travaille fort. C'est du 1 pour 1. Un adulte, un enfant. On lui demande une marche à la fois et elle y met tout!
À l'école........... Un adulte, 25 enfants. Une adaptation de la vie scolaire? Il le faudra. Mais jusqu'à quel point cela réussira-t-il à combler l'espace entre la marche qu'elle monte avec ambition, et les 5 marches qu'on lui exigera continuellement à l'école?
Sans sa motivation, tout s'écroulera.
L'école n'est pas faite pour ma fille. Il faut voir comment l'école peut changer pour elle. Et par elle. Mais j'ai un gros doute. Et ce doute m'a amené à ma réflexion. À mes questionnements, mes recherches.
Ce doute a une solution possible: la scolarisation à la maison.
Je suis éducatrice de métier. Et tout ça m'est ressorti très fort quand j'ai commencé la réadaptation de ma fille. Je sais que je peux. Je sais que je veux.
Je laisserai passer le temps. Évoluer les choses.
Je laisserai la chance au coureur de me montrer que ma puce a une place dans tout ça. Et qu'ils l'aideront. Mais.. sans l'aide appropriée, ça n'avancera pas. Pire, ça reculera probablement.
Mon but n'est pas d'en faire une diplômée des grandes universités. Mon but est qu'elle réussisse sa vie. Ses portes ne seront peut-être pas les mêmes que les autres. Il n'en tient qu'à elle de les trouver? Non. Elle a besoin d'aide. Et si cette aide, c'est moi, alors ce sera moi.
Si l'école me prouve qu'elle y a sa place, je l'aiderai à cheminer dans ce système.
Sinon, ma porte à moi s'est ouverte.
Je réfléchis encore. Et je viendrai sûrement expliquer tout ce que ça comporte. Mes listes, mes trouvailles. Je ne connaissais pas cela il y a 2 semaines. Plus je m'informe, plus je réalise que c'est réaliste, faisable et très concret. Et plus je réalise que jamais je ne laisserai ma fille échouer là où elle voudrait tant réussir.