18 juin 2013

Merveilleux, ils sont...

Mes enfants sont merveilleux.
Imparfaits, mais merveilleux.

Je le constate lorsque je vais à l'extérieur avec eux, je le constate en écoutant les autres parler d'eux, je le constate en travaillant et en pensant à eux...

Je suis fière, jour et nuit, d'avoir mis au monde ces deux merveilles.

Mais loin de moi l'idée de les idéaliser.
Je les aime comme ils sont.

Mais le moment où ils m'épatent le plus, année après année, c'est en juin.

Parce que chacun à leur façon, et avec leurs forces et leurs faiblesses qui leur sont propres, ils sont épatants.

Parce que ma doudoune, on ne croyait même pas qu'elle pourrait apprendre à lire et voilà que le français est sa matière forte.
Parce qu'elle donne son 300%, jour après jour, elle y met tout ce qu'elle a, souvent tellement qu'elle revient et sa réserve est vide!
En juin, pendant les évaluations, elle prononce souvent le mot "difficile" et malgré tout, je ne peux que m'émouvoir devant sa grande tenacité. Elle me ramène ses évaluations avec une fierté apparente.

Et il y a fiston. Parce que pour lui, c'est plus facile. Quoiqu'encore, avec ce que je crois être un déficit d'attention, il doit y travailler, les matières scolaires, c'est du bonbon pour lui. Mais qu'il est fier de m'expliquer ce qu'il fait, de me montrer à quel point il s'est appliqué et ce qu'il a compris sans qu'on lui explique.

Jeune, j'étais première de classe. Jusqu'en secondaire 1.
Je n'ai pas appris à travailler tellement fort, malgré tout mes parents devaient être très fiers des notes que je leur rapportais.
Aujourd'hui, je suis fière des yeux brillants, des crayons tout petits, des effaces usées et des larmes de fatigue d'avoir tout donné dans ces évaluations qui comptent tant à la fin de l'année, moment où ils voudraient n'être que des enfants qui jouent dehors et rentrent le nez rouge et les cheveux mouillés des jeux d'eau du parc.

Mes enfants sont extraordinaires, justement parce que je ne crois pas qu'ils savent à quel point ils le sont.

Et ils méritent des vacances extraordinaires, à la mesure de leurs efforts constants.

Ici, vacances veut dire adoucir les routines, profiter du moment et faire ce qui nous plaît, quand ça nous plaît.

Depuis une semaine, ma fille revient de l'école en me demandant un Kinder.
Cliché, probablement, puisque je suis une "maman-Kinder" mais il faut croire que l'idée du petit jouet récompense lui fait du bien, après une grosse journée.
Mon fils rechigne un peu sur cette boîte, puisque les oeufs sont vêtis de rose de la tête aux pieds. Mais j'ai une princesse aux yeux turquoise qui en est bien heureuse, gardant tous les bracelets, poupées, Spirograph et cie pour elle seule !!

Venez voter pour votre favori ici: https://www.facebook.com/KinderCanada/app_134354206657763

Ma fille? Ce sont les bracelets!
Moi? Ce sont les animaux au ventre doux.

Si vous devenez amis avec Kinder et leur apprenez pourquoi VOS enfants sont aussi extraordinaires (que les miens), vous pourriez remporter une carte Visa de 250$. Intéressant, pour gâter vos merveilles!!

« Divulgation : Je participe à un programme d’ambassadrice Kinder, et, en remerciement, j’en retire quelques avantages. Les opinions contenues dans ce billet sont les miennes. »

17 juin 2013

Je n'en ai pas parlé...

Je ne vous ai pas parlé de la fête des Pères...
C'était hier.
Mais pourtant, c'était il y a si longtemps.

Un temps où je bricolais une carte.
Un temps où je dessinais moi aussi une cravate, alors que je trouvais que celles que portaient mon père ne fitaient jamais avec ses vêtements.
Un temps où j'achetais .. je ne sais même plus quoi.

Hier, j'ai regardé les enfants célébrer leur papa.
Détachée.
Contrairement aux autres années.

J'ai choisi un excellent papa pour mes enfants. Chaque jour, je suis excessivement fière et heureuse d'être embarquée sur ce bateau avec lui. Dans 10-20-40 ans, mes enfants pourront jeter un regard positif et tendre sur le père qu'ils ont eu.

Je n'ai jamais fêté fort ces "jours spéciaux". Parce que ça, ça se fête à l'année. Parce qu'un père (ou une mère), c'est de service 365 jours par année. 24h sur 24. Je souligne évidemment ce jour spécial, mais j'ai toujours trouvé que c'était la qualité à l'année qui comptait.

Hier, c'était la fête des pères.
Hier, je n'avais plus de père.

Je suis orpheline.
De père et de mère.

Avant-hier, j'ai passé la nuit à marcher pour eux et pour tous ceux qui se sont battus, se battent ou se battront contre le cancer.


J'ai marché parce que depuis 2 semaines, le soleil se lève chaque matin et je tente de faire comme si la vie continue.
Parce que la fête des pères est arrivée, parce que toutes les compagnies nous ont attaqués de publicités pour ci et ça pour papa, parce que les enfants ont tous bricolé quelque chose pour leur papa chéri.

Moi, pour mon papa, j'ai marché.
Et pour maman aussi.

Et quand j'ai allumé leur lampion, quand j'ai vu leurs deux noms, j'ai su.
Ils étaient réunis, j'étais seule.

Je ne fêterai plus mon père, ni ma mère.
Je célèbrerai par contre chaque année leur mémoire. Je donnerai tout ce que j'ai pour cette cause. Pour que mes enfants puissent me célébrer longtemps.

Bonne fête des pères, papa.
Pas parce que tu étais le meilleur, ni parfait, ni exceptionnel.
Parce que tu étais le mien.


12 juin 2013

Comme toujours, mais plus jamais...

Comme toujours, c'est moi qui ai dû aller te chercher...
Il y a si longtemps que tu n'as plus de voiture, je l'ai fait encore et encore, le taxi, avec toi...

Je suis allée te chercher pour te ramener à la maison.

Mais cette fois, contrairement aux autres, tu n'as pas rechigné sur la date, ni sur l'heure.
Contrairement aux autres fois, tu n'as pas tenté de me convaincre que tu connaissais un chemin plus rapide...
Contrairement à toutes les dernières fois, tu n'es pas fatigué ou tanné, après une heure chez moi...

Comme toujours, les enfants t'ont fait un bel accueil.
Les chiens t'ont même senti...
Il y a de ces futilités qui ne changent pas, tu sais...

Mais plus jamais je n'irai te reconduire chez toi, après t'avoir reçu à dîner...
Plus jamais tu me diras que tu t'ennuies de nous, que tu aimerais voir les enfants, que tu apprécies de voir mon chum...

Tu t'es installé chez nous, de façon permanente et pourtant, je n'ai pas hâte que la visite parte.

Raphaël a demandé de t'installer au salon, bien en haut de l'étagère.
Mélina m'a dit qu'elle ferait des fleurs, pour toi.
Raphaël aimerait te voir, encore.

Et moi, je réalise que ton nom, c'est sur un livre à la librairie que j'aurais aimé le lire.
Pas sur cette boîte de bois.


9 juin 2013

Cher papa..

Cher papa,

Je me disais justement qu'il y avait déjà une semaine que je n'avais pas eu de tes nouvelles..

Tu es bien rendu à destination? Dis-moi, tu ne m'avais même pas dit où tu allais, avant de partir...
C'est beau, là-bas? Il fait chaud comme ici, aujourd'hui?
Après quelques jours de pluie, revoici enfin le soleil, dans ma campagne.
Les enfants achèvent leur année scolaire, ils travaillent fort et sont fatigués, mais tu serais bien fier d'eux.

Dis, tu rejoignais maman, là-bas? Tu l'as retrouvée?
J'ai entendu dire qu'il y avait foule dans ce petit coin de paradis, le paysage est apparemment sublime. Si tu ne la trouves pas, profites-en pour faire le touriste un peu, en attendant. Je suis certaine que tu la trouveras bientôt, entourée d'une gang de madames à placoter, tu sais bien!

Tu es parti bien vite, tu m'as laissé pas mal de ménage à faire dans ta paperasse. Tu as même oublié ton passeport et tes cartes importantes. On m'a tout remis, je me demande bien quoi faire avec.

Tu m'as laissé beaucoup d'ouvrage à faire, pour bien organiser ton voyage. Mais c'est souvent comme ça pour ceux qui restent.

Une chance que tu m'as attendu pour prendre l'avion, je n'aurais pas pu te dire au revoir.
Mais je n'ai jamais aimé les départs, les adieux. J'aime encore moins les derniers souffles.

Je sais bien que tu ne m'enverras pas de carte postale, ni de photos, pas même de courriel pour me dire que tout va bien.
Le téléphone s'est tu, ce weekend, toi qui appelais toujours le samedi ou le dimanche matin autour de 9h.
Ça ne répond plus à ton numéro.
Je peux bien t'envoyer cette lettre, elle se rendra à destination, mais ne sera lue par personne.
Toi qui aimais les mots, ils ne passent maintenant plus entre toi et moi.

Il n'y a que 7 jours que tu es parti et pourtant, ça me semble déjà une éternité.

Il n'y a rien de neuf pour nous, papa, comme chaque fois ou presque qu'on se téléphonait.
Rien de neuf, sauf ton absence. Sauf un jour de plus à vivre, orpheline.
Et pourtant, il s'est passé quelques jours où on dirait que j'avais oublié. Quelques jours où tout ça me semblait un bien mauvais rêve. Quelques jours où la vie a continué.

Et c'est comme ça que ça devra aller. Parce que le téléphone ne sonne plus. Parce que mes mots n'ont pas de réponse. Parce que ton verbe et tes mots d'amour ne se rendent plus à mes oreilles.
La vie va continuer.

À la prochaine, papa.
Ta fille, ta Loreli.

P.S. As-tu fait mon message à maman? Je suis presque jalouse, je m'ennuie tellement d'elle. Profites-en pour moi. Et dis-lui que ça va aller. La vie continue. Ça finira par aller. xx

4 juin 2013

Partir, par l'autoroute.

Si vous demandez à mon chum comment il trouve son beau-père, il vous dira qu'il était spécial, très certainement. Qu'il fallait apprendre à le connaître pour comprendre un peu.
Parce que voyez-vous, mon père, une des premières fois qu'il a vu mon amoureux, ils jasaient de "route", et quand mon chum a dit "non je prends l'autoroute pour aller là", mon père lui a répondu: "ah oui, c'est l'fun ça l'autoroute... Tu sais.. Ça va vite et tu peux aller partout..."

Mon amoureux s'est demandé si mon père venait VRAIMENT de lui expliquer à quoi sert l'autoroute.
Avec les années, il a compris que c'était sa façon de rentrer en contact avec les gens.

Mais la blague de l'autoroute est restée.

Je ne sais pas si mon père aimait conduire. Je me souviens avoir toujours trouvé qu'il conduisait lentement, même trop, parce que rouler à 70 sur l'autoroute, justement, ça peut être dangereux!

Je me souviens qu'il ne déneigeait pas bien sa voiture l'hiver, ce qui fait que moi et mon amie Joanie, on préférait marcher dans la tempête pour se rendre à l'école que de se promener en igloo-mobile.

Je me souviens aussi qu'il trouvait ça TRÈS loin aller dans la famille de ma mère. Pourtant, la route prenait environ 1h15.

Il a dû en faire sacrer, des gens, assis dans sa voiture, sur l'autoroute ou ailleurs. Parce qu'il changeait de voie sans mettre son clignotant, il coupait des gens, il ne roulait pas assez vite ...

Heureusement, il avait d'autres qualités (ET c'était souvent ma mère qui allait me reconduire chez mes amis ou autres...).

Dimanche matin, après un court dodo de 3h sur le divan de mon amie, elle m'a demandé:
"C'est quoi ton souvenir le plus positif de ton père?"

J'ai réfléchi un peu.
Le premier qui m'est venu à l'esprit n'est évidemment pas sa conduite, mais les parties de "balle" qu'on faisait dans la cour. C'était un des rares moments qu'il me consacrait entièrement. Mon père était un joueur de balle-molle et il se pratiquait avec moi. J'ai eu des bleus sur les mollets, j'ai eu mal aux épaules, mais j'aimais sa présence. Il n'était pas ailleurs.

Mon amie connaissait mon père depuis toujours, parce qu'on a grandi ensemble depuis nos premiers mois. Elle sait que mon père n'a pas nécessairement été le père parfait, le père rêvé, le père présent et impliqué qui marque la vie d'une jeune fille. Mais sa question était pertinente.

Il n'est plus le temps de faire son procès.
Il a eu d'immenses défauts.
Mais.. j'arrive à me rappeler de bons moments.
J'arrive à apprécier un peu de Jacques Brel ou de Brassens, parce que ça me fait penser à lui.
J'arrive à me souvenir que si j'aime tant lire, c'est grâce à lui.
Si je ne dis pas des "si" avec des "rais", c'est aussi grâce à lui, parce qu'il adorait la langue française.
Si j'ai tant de belles photos de moi, lorsque j'étais petite, c'est qu'il adorait la photographie.
Mais aussi, parce qu'il adorait le modèle devant sa caméra.

Parce qu'il me l'a tellement dit, je sais que j'étais terriblement précieuse pour lui.
Il m'a écrit de doux poèmes, a posé un regard infiniment fier sur moi.

La phrase fétiche de papa, c'était "j't'aime pas, j't'haïs pas, j't'adore!!"
Il n'a pas su toujours bien me le montrer, mais je sais que j'étais ce qu'il avait de plus précieux au monde. Il n'a juste pas toujours su comment...

Samedi, alors qu'il ne répondait plus à aucun stimuli, il serrait encore ma main. Et lorsque ma main quittait la sienne, son bras se levait, en tremblant, à la recherche de son repère. Parce que j'étais tout ce qui lui restait. Et que rendus là, dans une vie, le passé ne compte plus et le futur n'existe plus.
On est ici, maintenant. Ensemble.

Je ne sais pas s'il a pris l'autoroute, pour quitter sa vie.
Il est resté plusieurs jours sur la voie de service avant de se décider.
Mais il a fini par prendre ce chemin. Comme l'autoroute, possible que ça aille vite. Et ça mène partout. Mais on ne choisit pas la destination. Parce que c'est celle au bout du chemin qui nous attend.
Et que si on regarde derrière, c'est bien d'y voir des bouts d'autoroute entre Terrebonne et Drummondville, mais aussi de chemins de campagne près de la Beauce, de routes sur le bord du fleuve à Montréal, de rues de banlieue sur l'Ile Saint-Jean, de pistes cyclables près de la Rivière des Mille-Iles, de chemins de gravier sur l'Ile des Moulins, de boulevards à Sherbrooke et de ruelles à Montréal.

Il m'a dit avoir eu une belle vie. Son calcul s'est avéré positif, lorsqu'il a fait l'inventaire du bon et du mauvais.
Il m'a aussi dit que 75% de son bon venait de moi. Ma mère et son travail passé y étaient pour le reste.

Papa est parti, le 2 juin 2013, à 14h40.
En ma présence.
Je l'ai embrassé, je lui ai souhaité bon voyage et lui ai dit que je l'aimais.
Parce que malgré tout ce que l'homme était, c'était mon père. Et je l'aimais de tout mon coeur.

Merci papa, d'avoir fait de moi qui je suis aujourd'hui.
On n'était peut-être pas aussi proches que tu l'aurais souhaité, mais je porte en moi ta vie, tes yeux verts, ta folie, ton amour des livres et du français, ton talent pour écrire, ta sensibilité, ta franchise, ton caractère...

Je t'aime, papa. Mais je sais que tu le savais. xx