29 avril 2014

Être fatiguée-Un soir de semaine.

Pour faire suite à cet excellent billet : http://www.mamanaunplan.com/2014/04/29/etre-fatiguee-un-soir-de-semaine/ et le constat que nos soirées de semaine (et parfois de weekend) ne ressemblent pas aux pubs télés qu'on voit ou aux articles qu'on lit dans les revues... Voici... Mon propre "être fatiguée-un soir de semaine".

Comme je suis toute seule tous les soirs, la semaine, jusqu'à ce que les enfants aillent au lit.
Comme je travaille avec des enfants toute la journée et que j'ai l'impression d'empiler les "shifts".
Comme je vis un mal de tête chronique depuis août.
Comme je suis "oh-tellement-loin-d'être-parfaite"...
Voici ma soirée fatiguée.

15H: Si je suis chanceuse, je suis déjà à la maison. Sinon, je suis sur la route, stressée, à espérer arriver avant mes enfants dans l'autobus pour éviter une crise d'angoisse de miss-la-doudoune.
Je défais l'épicerie/vide ma voiture de 300 trucs/pars une brassée de lavage/me demande "qu'est-ce qu'on mange ce soir?"...

15H10: Les chiens jappent. En choeur. Fort. Les enfants arrivent. Ils chialent. En choeur. Fort.

15H12: Je me fais un café. Il sera nécessaire. Y'a pas congé de devoirs. Je répète sur le même ton "Bonjour mes amours... C'était une bonne journée?" en espérant casser la "vibe" négative.

15H15: Ils mangent. Juste après s'être chicanés pour se laver les mains en premier. Je bois mon café. Juste après avoir constaté que je n'avais plus de Bailey's à mettre dedans. J'écoute le récit de leur journée. Non. J'entends le récit de leur journée. Je pense à 20h. Je suis fatiguée-un soir de semaine.

15H25: Heure des devoirs. Toujours pas de Bailey's. Toujours pas 20h. La laveuse sonne, j'y vais en disant à mon fils "continue de lire, je t'écoute..." J'écoute le froissement des vêtements que je transfère dans la sécheuse pas mal plus que j'écoute l'histoire. Heureusement, il lit bien et il me fera le résumé après. Je ferai semblant de savoir de quoi je parle en lui posant des questions.

15H35: C'est long, des devoirs/leçons X 2 enfants. Je les envoie étudier leurs mots de vocabulaire. Pour stimuler leur autonomie, tout seuls. Pour reposer mes oreilles, aussi.

15H40: On revise les tables de multiplications. Je me demande toujours quoi faire pour souper. Pas parce que je n'ai pas de plan (j'en ai toujours un...), mais parce qu'il ne me tente pas.  Même rapide, il sera trop long. Mangé trop vite. Salira trop de vaisselle. Ne récoltera aucun merci. Ne fera pas de moi une meilleure mère. Juste plus fatiguée-un soir de semaine.

16H: Les devoirs et leçons sont normalement terminés (sinon, je déclare qu'ils le sont). Les enfants vont jouer. En fait, ma fille va jouer. Mon fils continue de parler. Je me dis que le service de garde, vu qu'ils aiment ça, serait un bon investissement si je pouvais juste déclarer "ce soir, trop fatiguée, je vais les chercher à 17h et je fais une sieste avant". Mais je ne suis pas comme ça. Je me convaincs. Je mets le papier du SDG au recyclage.

16H30: Je suis encore en train d'enfiler lavage/ramassage/remplissage de paperasse/signature de trucs et autres trucs palpitants, pour éviter de penser au souper. Pourtant, il ne se fera pas tout seul. Je me répète "ne propose pas des crêpes... c'est un faux-déjeûner-souper... c'est loooong !".

16H45: "Maman, on mange quoi ce soir? Je commence à avoir faim."

16H50: Il me semble que la soirée est longue, déjà. Ça doit être le côté sombre du bonheur de travailler à temps partiel. Ça laisse plus de temps. Mais pas quand on est fatiguée.

16H52: Je dois VRAIMENT embrayer pour un souper. Des enfants affamés et une maman fatiguée, pas super. Je vais finir par faire le souper prévu, plus par "cheap-itude" que par "envie".

17H30: On bouffe. Je maudis les assiettes en carton de ne pas être écologiques et ma conscience de l'être. J'évite la question "est-ce que je dois laver les cheveux de ma fille ce soir?" parce qu'inévitablement, ça tombe toujours  le soir où je suis crevée.

18H: Je fais la vaisselle/ramassage/début de lunchs avec mes écouteurs et mon iphone. C'est la seule façon d'avoir du silence. (ironique, je sais.)

18H30: Douche, bain. Je maudis ma conscience de ne PAS être capable de lâcher prise là-dessus.

18H50: Je deviens la MEILLEURE MÈRE DU MONDE quand je demande aux enfants s'ils veulent écouter une émission ou commencer un film. Ils ne savent pas que je le fais pour moi, pas pour eux. Ça rend ça tellement plus spécial. Je m'assois, sans l'écouter vraiment. Je maudis mon divan d'être si confortable et me demande à quel âge je n'aurai plus besoin de m'en détacher pour monter border mes enfants.

19H45: Dodo des troubadours. Je monte les border, en quittant le divan non sans chigner un peu.
Je sors les vêtements, maudis les bas qui ne se rendent jamais seuls dans les tiroirs et m'obligent à les courailler alors que je n'ai plus d'énergie. Je replace les cadrans, les volumes de musique, les doudous, le chien, les toutous, les bisous.... Et puis....

Je me souviens que j'aime ça, les border. Et qu'ils vont terriblement me manquer quand ils ne rentreront pas dormir ou qu'ils monteront sans même me dire "bonne nuit"...

Puis je me rappelle à quel point je suis fatiguée, j'oublie mon romantique-mélancolique moment de maman et je dis "ok bye bonne nuit je vous aime à demain" et je descends sans regarder derrière.

J'enligne directement le divan. La télé. La doudou.

Je rechignerai et grognerai si un des enfants me rappelle.
Je pesterai contre le linge que j'ai oublié dans la laveuse.
Je me rappellerai trop tard que je devais aussi laver le linge d'éduc pour le lendemain.
Je me dirai que me démaquiller serait une bonne idée, mais qu'arrêter de me maquiller serait encore plus rentable.
J'oublierai de signer ce chèque, de retourner cet appel, de découper ces images et de lire ce fameux roman.
Je lèverai une fesse pour enlever ce bout de papier qui me dérange sur le divan et sur lequel il est écrit "to-do list". Je le lirai demain.

Mon chum arrivera environ au même moment. Trouvera encore sa blonde sur le divan. Se dira qu'on manque de loisirs. Je lui répondrai qu'en fait, on manque de Bailey's. Et de vin.
Et que demain, ça ira peut-être mieux. Ou pas. Mais qu'un jour, ce sera vendredi. Et qu'il y aura au moins des restants. Et du vin.

1 avril 2014

Poisson d'avril

Avril est le mois de l'autisme.

Le 2 avril, donc demain, c'est la journée internationale de l'autisme.
Pour cette occasion, nous vous invitons à vous habiller en bleu, pour soutenir la cause.
Parce que plus on en parle, moins ce sera tabou.

CNN a publié la semaine passée les résultats d'une étude qui démontre qu'un enfant sur 68 serait autiste, aux États-Unis.
http://www.cnn.com/2014/03/27/health/cdc-autism/

Avant longtemps, croyez-moi, vous connaîtrez tous quelqu'un qui est autiste ou qui a un enfant autiste.

D'ici là, informez-vous.
Autiste ne veut pas dire "rain man".

Vous connaissez ma fille, vous savez.
Vous la connaîtriez, vous ne sauriez pas si je ne vous l'avais pas dit.

Sur mon chandail bleu d'aujourd'hui, qui précède la journée où toute ma famille en portera un, ma fille voulait y mettre quelque chose.

"Ne bouge pas maman, je veux mettre quelque chose sur ton chandail. Mais je te dis pas c'est quoi".

(...)

"Maman, il est où le papier collant? Il faudrait que tu sois de dos par exemple... Je te dis pas pourquoi."

Je ne peux pas lui confier un secret d'importance.
Je ne peux pas organiser de surprise avec elle.

Elle déteste être surprise, mais elle aime bien le faire vivre aux autres.... À sa façon.

Parce qu'après tout, pour fêter le mois de l'autisme, il faut quand même commencer par ses classiques.

Joyeux Poisson d'Avril.
Et bon mois de l'autisme.

Profitez-en donc pour offrir votre oreille ou un coup de pouce à une famille qui vit avec l'autisme au quotidien. Croyez-moi... elles sont toutes fatiguées!