16 mars 2008

Le temps d'une jeunesse..

Ça fait 18 ans....
18 années sont passées... un enfant né le 16 mars 1990 fête aujourd'hui sa majorité....
Une famille "fête" aujourd'hui 18 ans passés sans leur fils aîné, qui n'aura jamais même fêté son 11ème anniversaire.

Il y a 18 ans, en après-midi, quelqu'un cognait à ma porte.
C'était la mort.

Bien sûr, j'Avais déjà perdu des grands-parents. Un chien. Une perruche.
Jamais un ami.

Il y a 18 ans, je me sus retrouvée, bras croisés, vie derrière, devant la rivière.
Je me suis retrouvée face à des ambulances, des policiers, des plongeurs. Je me suis retrouvée face à l'horreur de la vie, et ce n'était pas les nouvelles de TQS!

Un pupitre vide. Une chaise vide. Des BD maintenant ternes. Un berlingot de trop. Une place abandonnée dans le rang. Des espadrilles au fond d'un casier. Une flûte à bec solitaire.
Un enfant, mon ami, n'ira pas au secondaire.

Noyé. En plein hiver. Un accident bête, qui n'aurait pas dû arriver. Une idée folle, qui aura mal fini.

Une église, bondée de gens. De la famille. Mais beaucoup d'enfants. D'enfants à cheval entre l'enfance et l'adolescence. D'enfants qui n'ont maintenant plus le même regard naïf sur la vie. D'enfants qui ont vieilli, tout d'un coup, les yeux rivés sur un cours d'eau qui ne leur rendra leur collègue de classe que plusieurs mois plus tard.

Une VHS. Une fête d'enfant. Mes 9 ans, ou mes 10 ans... ?
Un gars et une gang de filles. Un gars, qui ne saura jamais ce que c'est de tomber amoureux.

Des funérailles. Un texte lu trop vite, une voix qui ne savait plus trop quoi dire.
Une Église. Une foi qui ne savait plus trop quoi en foutre.
Le prof de cathéchèse, dur boulot que de nous expliquer que Dieu rappelait à lui les meilleurs d'Entre nous, parfois, pour des raisons qu'on ignore. Foutaise.
C'est injuste. Mais on n'y peut rien.

18 ans.. et je n'ai rien oublié.
Je n'ai même pas oublié l'odeur des livres de classe que j'ai mis dans un sac à dos. Ni les yeux meurtris de cette maman, prenant d'une main le sac maintenant orphelin, et de l'autre main, caressant mon épaule en me disant que la vie était trop courte.

Le 16 mars 1990, ce n'était pas banal ce qui arrivait. Perdre un ami à 11 ans, c'est aussi perdre la foi que la vie est juste et bonne.

Le 16 mars 2003. Réveil tôt. Il fait froid... comme 13 ans plus tôt. Je connais la date. Je n'ai pas oublié. J'ai un petit bâton dans ma main, je réveille mon amour.
"Chéri, je suis enceinte".
La vie n'est pas faite de hasards.

5 commentaires:

Mère Poule a dit...

Comme c'est beau!

Le destin s'est rattrapé 13 ans plus tard et à annoncé la vie en retour de cette mort.

Bisou ma cocotte!!!

Cherry... a dit...

Que de frissons en te lisant... je connais l'histoire, que tu m'as raconté déjà, mais c'Est toujours aussi malheureux de la relire :(

Francofun a dit...

Je me souviens de cet événement... Je me souviens du garçon à cette fête d'anniversaire. Je me souviens de son nom. Et ce n'était pas MON ami...

Tu as raison, perdre un ami avant même l'adolescence, ça remet des choses en perspective, ça fait vieillir plus rapidement.

Anonyme a dit...

Wow... comme c'est triste et touchant. Je n'ai pas connu ce genre d'évènement et je n'ai pas connu ce petit garçon.. mais j'ai tout de même verser quelques larmes en te lisant...

Laury a dit...

Comme c'est triste, je n'ai pas de mots...